Entre Sénèque et le stoïcisme des origines, plus de trois siècles se sont écoulés. Mais, en ces temps troublés du règne de Néron (Rome est incendiée en 64), les exigences de mener une « vie philosophique » semblent plus que jamais à l’ordre du jour.
Aucun dogmatisme dans cette suite de lettres qui ont pour but de faire progresser le disciple sur la voie de la sagesse.
Épicurisme, stoïcisme et même cynisme sont exposés et mis au service d’un apprentissage progressif de ce qu’il faut savoir et faire afin de mener la vie la meilleure.
Sénèque développe ici pour la première fois dans le monde romain une conception de « l’homme intérieur » que les siècles chrétiens à venir sauront reprendre et amplifier.
Les remèdes de l’âme
C’est sur le ton de la confidence et sous le signe de l’amitié que débute cette correspondance entre le stoïcien Sénèque et Lucilius, le poète épicurien en quête de consignes de vie. « Oui, tu feras bien, cher Lucilius : entreprends de te libérer toi-même » (lettre 1).
Autant qu’à son interlocuteur, Sénèque s’adresse à lui-même ou aux lecteurs inconnus à qui cette correspondance semble aussi destinée. Nulle volonté ici de démontrer, d’imposer une doctrine, mais la ferme conviction d’être en possession, à la fin pressentie d’une existence mondaine bien remplie, d’un savoir de la vie, d’une sagesse qu’il est impératif de transmettre : « Les remèdes de l’âme ont été découverts par les Anciens ; trouver de quelle manière et quand il faut les appliquer, voilà le sens de ma recherche » (lettre 64).